Porsche 911 Turbo Leichtbau
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Leichtbau, la furieuse !
A l’époque, l’usine a prévenu chaque acquéreur que la bête était féroce et qu’un sacré talent de dompteur était de mise pour maîtriser les ardeurs du fauve sans se faire surprendre. Les chanceux qui ont pu faire le chèque de 1,3 million de Francs étaient au nombre de 80, Stuttgart ayant construit en 1991/1992 en tout et pour tout 81 exemplaires du monstre dont le prototype qui fut conservé par la marque.
Remise dans le contexte
Réglez votre rétroviseur intérieur et jetez un petit coup d’œil derrière vous, je vous propose un flash-back de quelques 27 années pour vous retrouver en 1992, à Genève précisément. Sur le stand, trône la remplaçante au catalogue de la 911 Turbo 2 3,3 Litres, à savoir la 911 Turbo 2 3,6 Litres. L’usine ne tarit pas d’éloges pour vanter les mérites de la dernière née des ateliers de Zuffenhausen et sa souplesse d’utilisation, autant que son confort accru par rapport à sa devancière, sont largement exposés au public. Pourtant, les plus férus de compétition n’ont d’yeux que pour une envoutante auto aussi diabolique que jolie, la 911 Turbo S Leichtbau ! Elle n’est en rien prévue pour succéder à la 3,3 Litres mais doit plutôt être perçue comme une vitrine du savoir faire de la marque. Le prototype exposé à Genève déchaine l’enthousiasme des mordus de course automobile et suite au succès des 911 Turbo en série américaine IMSA, l’usine décide de commercialiser une petite série de Leichtbau. Ce modèle est le dernier reflet d’une philosophie chère à Porsche et mixant habilement moteur musclé et poids réduit au minimum. Esprit d’ailleurs repris dans le nom de l’auto, Leichtbau signifiant dans la langue de Goethe « construction légère »
La chasse au poids
Légère, elle l’est effectivement puisqu’elle n’accuse que 1295 kg à vide sur la balance. Depuis la RS 73 la recette amaigrissante est parfaitement maitrisée par le staff technique Porsche. En effet, pas de surprise, puisque la belle a reçu des sièges Recaro Sport légers, des vitres en verre mince, un système d’ouverture des portières par simple sangles, ainsi qu’un spoiler, un support d’aileron, des capots avant et arrière et des portières, usinés dans un composé ultra léger de Carbonne et plastique, renforcé par de la fibre de verre. Cette cure d’amaigrissement lui a fait perdre également la surcharge pondérale que représentait, les différents petits moteurs électriques de lève-vitres et réglage de rétroviseurs extérieurs, l’ensemble dégivrage et essuie-glace arrière, les systèmes de climatisation, de direction assistée, l’équipement audio ainsi que les sièges arrière et bien entendu les très superflus matériaux d’insonorisation. Bilan de l’opération, 180 kg de gagnés par rapport à la Turbo 2 3,3 Litres.
Une motorisation déjà éprouvée
Pourtant issue de la 965 Turbo 2 3,3 Litres en terme de motorisation, la Leichtbau est esthétiquement plus proche de la 3,6 Litres. A l’œil on peut cependant les distinguer aisément, la Leichtbau se parant pour le refroidissement, d’ouïes dans les ailes arrière, d’écopes dans le spoiler avant et, plus visible encore, d’un aileron plat peint à la couleur de la carrosserie. Les jantes Speedline 18 pouces en trois parties prévoient une monte pneumatique d’origine avec des gommes de 235/40 ZR à l’avant et 255/40 ZR à l’arrière. La fougue du monstre est confiée, coté transmission, à une classique mais robuste et précise boite G50 et coté freinage, a un système de 4 disques auto-ventilés (342 mm à l’avant et 305 mm à l’arrière) avec étriers fixes en alu, à 4 pistons et ABS !!! Croyez-moi, ça freine fort et c’est sans aucun problème que ce système vient à bout de la plus puissante 911 mono-turbo d’origine jamais construite ! Pour la motorisation, Porsche a fait confiance au bloc de la 3,3 Litres largement éprouvé tant en fiabilité qu’en longévité. Quelques modifications ont permis de sortir une puissance maximale de 381 CV, obtenus à 6000 tours minute, après que le turbo se soit déclenché à 4200 tours minutes. Au chapitre des différences mécaniques, la Leichtbau bénéficie de nouveaux arbres à cames, de soupapes d’admission plus grandes, d’une pression de Turbo KKK et de paramètres de gestion électronique modifiés, ainsi que d’un radiateur d’huile supplémentaire pour compléter le refroidissement de l’ensemble. Le couple passe donc à 50 mkg à 4800 tours minute, le régime maxi est quant à lui repoussé à 6800 tours minute.
La Leichtbau signe le retour du temps de réponse du Turbo qui était pourtant bien maitrisé sur la Turbo 3,3 Litres. Cependant les contraintes techniques étaient importantes ; entre autre les arbres à cames sont par nécessité très croisés et l’on souhaitait conserver une cylindrée identique et augmenter la puissance, il était donc inévitable que le temps de réponse du Turbo s’accroisse lui aussi.
La 911 Turbo S Leichtau est donc bel et bien moins docile et plus surprenante que la Turbo3,3 Litres mais quel plaisir de renouer avec les sensations mémorables du légendaire coup de pied aux fesses que procurait entre autre la Turbo 3,0 Litres. La vitesse de pointe flirte avec le 300KM/H (exactement 295) en abattant le 0 à 100 KM/H en 4,6 secondes, tentant non ?
Une auto pures sensations
Comme vous vous en doutez les longs trajets autoroutiers ne sont pas le terrain de jeu favori de cette 911 et le confort n’étant pas son domaine d’excellence c’est beaucoup plus spécifiquement sur les circuits que vous pourrez la voir s’exhiber. Attention sur revêtement mouillé la belle procure des sensations ahurissantes et il faut être réellement vigilant lorsqu’on l’emmène tutoyer ses limites. Séductrice naturelle, elle attire les regards et fait tourner les têtes tant masculines que féminines. Laissez tomber les dictats de la discrétion, cette 911 est rare et jouit de performances exceptionnelles, il est donc normal qu’on la remarque, elle fait d’ailleurs tout pour ça ! Comme toutes les Porsche rares la Leichtbau est difficile à estimer en terme de valeur financière mais déjà à l’époque ou j’ai écrit cet article, en 1999, on parlait de transactions réalisées entre 400 et 450 000 Francs. Aujourd’hui combien serait prêt à débourser un Porschiste passionné, et nécessairement fortuné, pour acquérir cette merveille ? Passion quand tu nous tiens !