La Peugeot 404

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En 1955, la firme de Sochaux présente la Peugeot 403, mais quelques mois plus tard, en octobre, le concurrent Citroën lance la DS. La clientèle Peugeot très traditionnaliste n’est pas vraiment séduite par le modernisme de la DS et sa suspension hydraulique, d’autant que les premiers ennuis techniques apparaissent bien vite, malgré cela le directoire de Peugeot réagit très rapidement et en décembre 1955, il décide de lancer en urgence l’étude de la remplaçante de la 403 qui aura pour nom la 404.

Au vu des déboires de Citroën avec sa suspension hydraulique, un premier projet avec ce type de suspension et une motorisation V8 ne sera pas retenu. Peugeot parie sur une berline familiale traditionnelle mais d’aspect moderne. Très satisfait de sa première collaboration avec le carrossier italien PININFARINA qui créa le dessin de la 403, la direction de Peugeot lui confie l’étude de la 404 mais l’urgence pousse Peugeot à accepter un projet déjà prêt. En effet PININFARINA propose l’étude réalisée pour FIAT (1800 ET 2100) et pour AUSTIN (A55). Après quelques savantes retouches imposées par ces deux constructeurs pour que Peugeot commercialise une carrosserie quasi semblable, la 404 est conçue en à peine 3 mois. La production est lancée le 10 mai 1960

Le style élégant et rectiligne de la 404 s’oppose aux rondeurs de la massive 403 et intègre les derniers éléments de style en vogue aux États-Unis, le pare-brise panoramique avec retour sur les côtés et l’aileron arrière, tous deux traités avec une grande sobriété par le designer italien
Les vitres latérales sont encore planes, elles ne deviendront bombées que sur la 504, et la surface vitrée totale est privilégiée grâce aux fins entourages plats des vitres que l’on retrouvera sur toutes les futures Peugeot jusqu’à la 305.

Pour la partie moteur on reprend partiellement la propulsion de la 403 avec un bloc moteur en fonte, de 4 cylindres en ligne, à trois paliers, et une culasse en alliage léger Alpax mais la cylindrée est portée à 1,6 litre en augmentant l’alésage de 4 mm, et surtout en inclinant ce bloc à 45° “couché” sur la droite. La puissance obtenue est alors de 65 ch DIN.

Pour le millésime 1963, Peugeot propose la 404 injection dont le rapport volumétrique est poussé à 8,8 ce qui porte la puissance à 80 ch DIN afin de procurer des performances de grande routière

La 404 est déclinée dans toutes les carrosseries : berline, break (5 places, familiale 7 places ou commerciale), coupé, cabriolet et camionnette (benne ou bâchée) et peut être équipée de différentes motorisations : carburateur, injection d’essence ou de gazole. En gagnant à plusieurs reprises l’East African Safari Rallye grâce à sa grande robustesse, la 404 a contribué à la renommée de Peugeot sur les 5 continents

Si la 404 reste, à l’instar des précédentes Peugeot 203 et 403, une propulsion à essieu arrière rigide et levier de vitesse au volant, elle adopte désormais des ressorts de suspensions avant hélicoïdaux (ressorts en spirale) à la place du traditionnel ressort transversal à lames présent depuis la 201.

Mis à part un surprenant rouge tango, couleur de lancement, les premiers modèles se reconnaissent à des entourages de vitres chromés et à des jantes peintes à la couleur de la carrosserie. Comme d’autres autos de cette période, les butoirs de pare-chocs inox se garniront par la suite de caoutchouc. La trappe à essence est astucieusement dissimulée derrière la plaque minéralogique arrière. L’équipement diffère selon les modèles, par exemple les premières commerciales se passent de lave-glace tandis que les derniers cabriolets reçoivent une sellerie cuir et des projecteurs additionnels.

La nouvelle Peugeot 404 est présentée à la presse automobile, le 9 mai 1960, celle-ci loue immédiatement son confort de suspension et sa tenue de route. Elle sera plus sévère sur le freinage constitué de quatre économiques tambours, sans assistance, ce qui est pourtant courant à l’époque. En 1964 Peugeot calmera la critique avec des tambours assistés dits thermostables, en option dans un premier temps, assortis de jantes ajourées. Ces freins, d’une très grande efficacité, sont pourvus de 2 maitres-cylindres avec un rapport d’assistance de 7 pour 3 à 4 précédemment ,mais d’un entretien pointilleux, ils seront finalement remplacés en 1968 par des freins avant à disques déjà utilisés par la plupart des constructeurs. En revanche, l’innovation du moteur diesel Indenor déjà lancée sur la 403 n’aura jamais droit aux améliorations de freinage. Non seulement berlines comme breaks ou camionnettes diesel conservent des freins à tambours non assistés, mais plus étrangement encore, des jantes non ventilées d’origine pourtant abandonnées quelques années auparavant pour les modèles essence…

A l’issue d’une belle carrière la 404 est retirée du catalogue français en octobre 1975, à l’exception de la camionnette qui perdurera en France jusqu’en 1979. La production s’est prolongée pendant plusieurs années à l’étranger, les dernières 404 étant des utilitaires assemblés jusqu’en 1989 à l’usine de Mombassa (Kenya).

Au total 2 885 374 Peugeot 404 ont été produites dont 1 672 395 berlines, 393 732 breaks, 6 837 coupés, 10 387 cabriolets et 802 023 pick-up

Les Moteurs

  • Série XC de 1 618 cm3 (alésage 84 mm course 73 mm), dit super carré (assez rare à l’époque pour des moteurs de grande série) culasse en aluminium
  • Série XB de 1 468 cm3 (alésage 80 mm course 73 mm) pour la limousine commerciale 404 U6, puis la 404-8 fabriquée en 1968 et 69
  • Série XD (ou TMD) de 1 816 cm3 ou de 1 948 cm3 (diesel Indenor)

Les puissances

Pour les modèles à carburateur :

  • moteurs XC et XC 5 (jusqu’en 1964) = 72 ch SAE (65 ch DIN)
  • moteur XC 5 (1965 et 1966) = 76 ch SAE (70 ch DIN)
  • moteur XC 6 (millésimes 1967 à 1969) = 80 ch SAE (74 ch DIN)
  • moteur XC7 (après 1970) = 73 ch SAE (puissance diminuée pour accroître l’écart de performance avec la 504)
  • moteurs XB 2 et XB 5 = 66 ch SAE (60 ch DIN)

Pour les modèles diesel :

  • moteur XD85 (familiales 404 LD) = 55 ch SAE (48 ch DIN)
  • moteur XD88 (berlines 404 Diesel, puis familiales 404 LD) = 68 ch SAE (61 ch DIN)

Certains de ces moteurs ont été montés sur l’utilitaire J7 ;

  • Pour les modèles à système d’injection – pompe Kugelfischer : moteur XC. KF / XC. KF 1 = 85 ch SAE (80 ch DIN) à 5 500 tr/min)
  • XC.KF 2 = 96 ch SAE (88 ch DIN) à 5 700 tr/min)

Les transmissions
Par embrayage à disque, et boîte de vitesses type C3 à 4 vitesses avant synchronisées ; puis, à partir du millésime 1968, boîte BA7 (grille dite Européenne). Sur option : boîte semi-automatique (coupleur électromagnétique) Jaeger (404 J) ; puis (à partir du millésime 1964, pour les versions Super Luxe, et du millésime 1966 pour les Grand tourisme) boîte automatique (convertisseur de couple et train épicycloïdal) ZF.

Les suspensions
Ressorts hélicoïdaux avec amortisseurs hydrauliques à l’avant (montage inédit à l’époque, dérivé du modèle Mac Pherson) et essieu rigide avec barre Panhard à l’arrière. Les breaks ont 2 ressorts hélicoïdaux de chaque côté du train arrière.

Quelques éléments techniques
Poids : 1 100 kg.
Empattement : 2 650 mm.
Vitesse maximale : 167 km/h (404C injection KF2)
Consommation : environ 9-10 l/100 km

Palmarès
Une 404 en compétition au Gran Premio Tourismo de Buenos Aires, entre les mains de José Migliore en 1965 (4e)
Campeonato Argentino de Turismo Nacional : 1963 (classe C), 1968 (classe D) et 1969 (classe C)

East African Safari :

  • 1963 : victoire Peugeot 404 (Nowicki-Cliff).
  • 1966 et 1967 : victoire Peugeot 404 injection (Shankland-Rothwell).
  • 1968 : victoire Peugeot 404 injection (Nowicki-Cliff)

Ouganda Rally :

  • 1962 et 1964 : victoire Peugeot 404.
  • 1 000 Miles du Tanganyika :
  • 1964 : victoire Peugeot 404.
  • 1967 : victoire Peugeot 404 injection

Tour d’Argentine :

  • 1963 et 1965 : victoire Peugeot 404

La 404 Diesel des records
En 1965, un prototype basé sur le cabriolet est développé pour battre des records du monde avec un moteur diesel. La voiture monoplace enchaînera quarante records sur l’anneau de vitesse de Montlhéry. Peugeot concurrencera ainsi Mercedes Benz avec une motorisation alors peu connue du grand public et non-usitée en Europe, sinon par ces deux seuls constructeurs. Aujourd’hui cet exemplaire unique est conservé au musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux. Il fut conduit par Roger de Lageneste, membre de la famille Peugeot et pilote de course professionnel.