Jean-Luc Thérier

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Que serait l’automobile sans le sport auto ?
Très tôt dans l’histoire de l’automobile le sport auto fut un laboratoire pour les innovations mais aussi un formidable moyen de promotion pour la notoriété des marques. Les pilotes sont de véritables stars et les meilleurs ont fait rêver des générations de passionnés. Le karting est considéré comme l’école des futurs champions et la formule 1 est la discipline reine. Le Rallye n’est pas en reste grâce au superbe spectacle qu’il offre aux aficionados regroupés aux bords des routes. Un article ne suffirait pas à citer tous les pilotes de légende, je vous propose donc une série pour mieux connaitre les as du volant de l’origine à 1999. Actualité oblige le premier portrait est consacré à

Jean-Luc Thérier le champion Normand

La Normandie est une terre d’automobile, en effet c’est en 1894 entre Paris et Rouen qu’eut lieu la première course auto au monde et c’est à Dieppe que furent mises au point les compétions telles que nous les connaissons aujourd’hui. Dieppe fut à trois reprises la capitale mondiale de l’auto en accueillant le grand prix de l’Automobile Club de France en 1907, 1908 et 1912, époque où les constructeurs comme Fiat, Renault Peugeot, Panhard-Levassor et d’autres n’hésitaient pas à aligner au départ des voitures capables de rouler à 150 km/h sur des routes pas encore goudronnées. C’est à Dieppe en 1908 que furent numérotées pour la première fois les voitures de course dans l’ordre de leur inscription, c’est aussi à Dieppe que furent créés les premiers règlements de course se souciant déjà de la consommation, du volume de carburant embarqué et du contrôle de la cylindrée des voitures participantes, c’est aussi à Dieppe que fut prouvée l’efficacité des pneumatiques gonflables. Emile Rédélé un mécanicien de Louis Renault ouvrit d’ailleurs un garage à Dieppe, mais c’est dans les années 30 que Philippe Etancelin, futur pilote de Formule 1, fut le premier Normand à briller sur le nouveau circuit et sa superbe ligne droite de l’aérodrome à la cote de Saint Aubin.
Dans le garage de Monsieur Rédélé père, son fils, le jeune Jean, attrape bien vite le virus de la course auto à force de côtoyer pilotes et mécaniciens, Il nous offrira une vingtaine d’années plus tard la merveilleuse marque Alpine. Indissociable de la marque Alpine, Jean-Luc Thérier, affectueusement surnommé « le fox », a porté les couleurs de sa Normandie natale sur les rallyes du monde entier.
Né le 7 octobre 1945 à Hodeng-au-bosc en Seine-Maritime le pilote normand a toujours tenu un volant depuis l’âge de 15 ans et sa première compétition de karting.
Trois fois champion de France des rallyes, vainqueur d’une Coupe de France, Il est aussi reconnu comme le premier pilote champion du monde des rallyes en 1973, titre officieux puisqu’à cette époque seul le championnat constructeur existait.

Une carrière aussi riche que variée

La passion du sport auto l’accapare très vite et dès 1963, il devient champion de Normandie de karting à 18 ans. Jean Luc Thérier se fait ensuite remarquer au volant de plusieurs Citroën dont une Traction 11 BL avec laquelle il est sacré vainqueur au Rallye de Foucarmont et une Dyane au volant de laquelle il remporte l’épreuve de Gournay-en-Bray.
Le jeune surdoué poursuit et réalise son premier gros coup lors de la première Coupe Gordini en 1966 au volant d’une Renault 8.
Sa carrière est lancée et de 1966 à 1975, puis de 1982 à 1984 on peut suivre ses performances au volant de différentes Renault et Alpine. Entre 1976 et fin 1981, il coure pour Toyota en rallye.
Rallyman de premier plan, il ne délaisse pas pour autant son garage Citroën de Neufchâtel-en-Bray en Seine-Maritime auquel il est toujours resté très attaché.
Avec Bernard Darniche, Jean Pierre Nicolas et Jean Claude Andruet ils forment dès 1973 l’équipe des Mousquetaires qui donne à Alpine le premier titre de champion du monde des constructeurs. Jean-Luc maitrise parfaitement la structure et le comportement routier de la Berlinette, ce qui lui vaut alors le surnom d’acrobate car il tire toujours le meilleur de son A 110 dans n’importe quelle circonstance.
Plus tard, avec l’infatigable Jean Ragnotti, il sera un des « cadors » au volant de la R5 Turbo.
Le normand a remporté bon nombre de rallyes en France, en Europe et dans le monde mais son rallye fétiche restera à tout jamais celui des 1000 Pistes dans le Var qu’Il a remporté 5 fois, dont trois consécutives. Très habile aussi sur piste, il s’illustre notamment avec 4 participations aux 24 Heures du Mans et une belle 10eme place sur Alpine A210 Renault-Gordini 1.3 L à l’indice énergétique en 1968. Toujours à l’affût et prêt à courir, il aligne un palmarès très diversifié de rallyes sur asphalte, de circuits, de rallyes sur terre, de courses de côte ou encore de courses sur glace.

La blessure Citroën

Après une dernière saison en championnat du Monde des Rallyes en 1984, Jean-Luc Thérier s’engage en rallye-raid pour la saison suivante avec la marque aux chevrons. Hélas, il sera victime d’un grave accident lors de la troisième étape du Paris-Dakar 85 alors qu’il pilotait une petite Citroën Visa 1000 Pistes. L’accident des suites duquel il perd l’usage d’un bras, et l’absence totale de soutien de la direction de Citroën sonneront la fin de la carrière de Jean-Luc.
Accessible et sympathique on pouvait le rencontrer régulièrement dans sa région de Normandie lors de rassemblements automobiles, de festivités, de présentations ou d’événements Alpine ou tout simplement sur les routes de Seine-Maritime au volant de sa Porsche.
L’ombre du renard et son talent au volant resteront longtemps dans les souvenirs des amateurs de sport automobile.

C’est à Neufchâtel en Bray sur sa terre natale que le pilote français s’en est discrètement allé le 31 juillet 2019.

Salut l’artiste et surtout Merci pour tout !
Stéphane THURET

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